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Communiqué du Collectif
Féminicides Par Compagnons ou Ex

25 novembre 2023,
Journée de lutte contre les violences masculines,
Au moins 95 femmes ont été tuées par un compagnon ou un ex, sans compter celles qui subissent l’omerta des Parquets.

 

Depuis 7 ans que nous recensons ces féminicides et 4 ans après le Grenelle, nous constatons que, malgré les annonces et les mesures prises par ce gouvernement, ces crimes systémiques s’enchaînent toujours d’une manière effrénée.

 

En mars, Madame la Ministre déléguée à l'égalité nous annonçait la sortie d'un « Pack Nouveau Départ », un dispositif qui persiste encore à prendre le problème à l’envers : mis à part tenter d’organiser la fuite des victimes, il n’est toujours pas question de traiter le problème du côté des agresseurs, qui vont demeurer libres de leur mouvements. Ce sont, en outre, des outils qui existent déjà au sein des associations et qui ne sauvent manifestement pas les femmes puisque nous continuons à comptabiliser une victime tous les 2 ou 3 jours. Malgré les formations, les circulaires, les recommandations proposées par ce gouvernement, nous constatons encore que dans les commissariats, les tribunaux, la parole des femmes n’est pas correctement prise en compte, le danger qu'elles encourent est mal évalué.

Au moins 30 % des meurtriers avaient déjà été condamnés pour violences conjugales.
Les victimes  avaient déposé des plaintes qui n’ont pas été transmises au parquet. Ces féminicides auraient aussi pu être évités. La Police, la Justice savaient, avaient tous les éléments pour s’alerter et interpeller ces hommes avant qu’ils ne passent à l’acte.

 

Aujourd’hui, il y a toujours des mains courantes proposées aux femmes par les forces de l’ordre malgré la circulaire de 2021 interdisant ce procédé. Les femmes subissent toujours des préjugés négatifs et sexistes: elles sont soupçonnées de mentir, exagérer, ou vouloir priver le père de ses enfants.
Ces suspicions misogynes s’enchaînent à tous les étages de l’institution judiciaire et des services de l’État censés protéger les femmes. Et lorsque les plaintes sont prises, environ 80 % d’entre elles sont encore classées. Lorsqu’elles sont instruites, les faits sont presque systématiquement requalifiés : une « tentative de meurtre » devient alors « violence habituelle sur conjoint » (autant dire que c’est « normal » ? ) et jugés par un Tribunal Correctionnel. Des condamnations dérisoires en découlent, stages, bracelets, sursis, interdiction d’approcher… Sans oublier ces femmes qui n'iront pas porter plainte, car quasiment certaines que rien ne sera fait pour les protéger, et que leur situation de danger pourrait empirer.

 

Dans cette impunité généralisée, les agresseurs recommencent trop souvent, et sont rarement privés de liberté même en cas de récidive. Les peines légères sont insuffisamment dissuasives, les agresseurs en sont conscients et se croient libres de continuer à harceler, menacer, agresser leurs ex-compagnes, leurs enfants. Ils conservent systématiquement l’autorité parentale qu'ils utilisent pour exercer un contrôle sur la mère, et la nouvelle loi 

annonce peu de changement, elle ne sera pas suspendue le temps de l’enquête mais uniquement en cas de poursuite pénale et si la victime est gravement blessée (8j d’ITT).

 

Quels adultes seront les enfants qui ont côtoyé cette terreur, ces violences banalisées, réitérées, presque autorisées ? Si leur père a conservé le droit de les éduquer dans ces principes, ce seront les hommes violents et les femmes victimes de demain ! Il faut en finir avec l’impunité des hommes violents. Ce sont eux qui doivent être arrêtés, exclus du domicile, réinsérés, rééduqués à leurs frais, et dissuadés de récidiver par des sanctions exemplaires.

Pourquoi ce gouvernement ne se donne-t-il pas des moyens efficaces pour réduire ce phénomène systémique ? Pourquoi persiste à refuser d'admettre que le machisme et la misogynie règnent encore dans notre société et mettent en danger la vie des femmes et de leurs enfants ?
Les dépenses liées aux violences masculines sont pourtant astronomiques (plusieurs milliards d'euros chaque année en coûts directs et indirects) et impactent lourdement les budgets de l’Etat, dans l’indifférence générale. Notre société est-elle prête à payer si cher pour préserver cette domination masculine mortifère ?

Pourquoi ce refus de pacifier la société et d’en finir avec ce sacrifice des femmes ? pour préserver la liberté des hommes ? Pourquoi peut-on encore lire dans certains médias «drame passionnel » ou « drame familial » dans des articles qui couvrent des assassins de circonstances atténuantes, font leur éloge ou n’hésitent pas à blâmer la victime ?
Pourquoi ce déni ? Pourtant ces violences sont majoritairement perpétrées par des hommes. Prétendre qu’une symétrie existerait dans les violences conjugales ne sert qu'à nier le problème. Tous les chiffres démontrent que les victimes sont essentiellement des femmes ainsi que leurs enfants !

 

Il est urgent d'en finir avec ce pouvoir mortifère que les hommes exercent sur les femmes par la terreur, et qui participe à l’archaïsme de notre société.
Notre civilisation doit évoluer, nous devons donner au monde l'exemple d'une société possiblement juste pour les femmes.

"Le féminisme n'a jamais tué personne.
Le machisme tue tous les jours"

Benoîte Groult

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